Lâcher le masque de la sauveuse / du sauveur
- Morgane Anziani

- 28 nov.
- 4 min de lecture

Le 20 septembre, j'animais l'atelier Yoga & Art Thérapeutique "Qui suis-je ?" et au-delà d'une thématique d'un atelier thérapeutique, "Qui suis-je ?" est une question qui cogne au plus profond de soi.
Une question qui remue, une question que nous nous posons 1000 fois au cours de la vie, une question qui nous pousse à se coller des étiquettes, une question qui nous fige aussi.
"Qui suis-je ?". Derrière cette question, c'est aussi comme s'il y avait une promesse. Un espoir d'enfin savoir ce qui nous définit, ce qui fait ce que nous sommes et peut-être aussi des clés pour ce que nous devons faire et où avancer.
Mais derrière le "Qui suis-je ?", il y a aussi le reflet renvoyé par les autres. "Qui vois-tu quand tu me regardes ?". Et même si certaines arrivent à envoyer valser les réponses et crier fort "JE FAIS CE QUE JE VEUX ET JE ME FOUS DU REGARD DES AUTRES", ce n'est pas la réalité de beaucoup.
"Qui vois-tu quand tu me regardes ?" trouve son origine dans la petite enfance et dans le regard des parents.
"Maman, qui vois-tu quand tu me regardes ?"
"Papa, qui vois-tu quand tu me regardes ?"
Quoi de plus précieux que le regard aimant et confiant d'un parent pour un enfant ? C'est ce regard qui donne les bases pour essayer, pour découvrir, pour apprendre. C'est ce regard qui fait grandir, avec confiance et estime.
Et les enfants, avec la sensibilité qui leur est propre et leur personnalité individuelle, captent et interprètent les messages explicites et implicites que leurs parents peuvent envoyer dans le regard, dans les mots, dans les comportements.
"Je vois, Maman, que quand je suis gentille, tu es souriante"
"Je vois, Papa, que quand je choisis de faire comme toi, tu es joyeux"
Alors Maman et Papa, je vais continuer d'être gentille et de faire comme toi.
"Je vois, Maman, que quand tu es fatiguée, tu veux que je t'aide plus"
"Je vois, Papa, que quand tu es stressé, tu ne veux pas que je sois bruyante"
Alors Maman et Papa, je vais être serviable et discrète.
(Petite parenthèse pour les parents, votre rôle est important dans la construction de vos enfants, mais la personnalité et les émotions de l'enfant comptent aussi beaucoup dans son vécu. Par exemple, un enfant très sensible peut avoir besoin d'énormément de câlins pour se sentir bien, et même si vous lui en faites beaucoup, il pourra avoir l'impression que ce n'est pas assez. Ou vice-versa, un enfant qui n'est pas très tactile, peut considérer que trop de câlins c'est étouffant, alors que pour vous c'est vous montrer affectueux et présents).
Et ainsi, se construisent petit à petit des parties de soi : la gentille, la serviable, la discrète, la loyale. Et souvent ces caractéristiques restent des petites parties de soi, au même titre, que la confiante, la bavarde, la sportive, l'intelligente, la curieuse qui se construisent de la même façon.
Mais parfois, il arrive que ces parties serviables, ces parties qui prennent soin, avant tout, des émotions des parents, puis de celles des autres, deviennent qui nous sommes. Renforcées par les expériences de vie, les échanges amicaux, les premiers amours et les grands défis de la vie, ces parties prennent de plus en plus de place. "Je dois faire plaisir, je dois aider, je dois donner plus de moi pour être aimée, pour avoir de la valeur, pour qu'on voit que je suis à la hauteur".
Quand ta valeur et ton identité sont liées à ce que tu fais pour les autres et non plus seulement ton existence, alors tu portes sûrement le masque de la sauveuse. Tu veux toujours aider, toujours faciliter la vie, toujours avoir réponse à tout, donner, donner, donner et surtout ne pas déranger, ne pas être faillible au risque de ne plus être aimée.
La faillible et celle qui dérange, c'est probablement les parties de soi qui sont les plus dures à accepter quand nous portons le masque de la sauveuse. Ce sont celles qui crient "DANGER, nous risquons de ne plus être aimée". Et à cause de cela, ce sont celles qui seront les plus critiques aussi, à la fois envers toi-même, mais aussi les autres. La moindre faute, le moindre dérangement, c'est les fondations qui tremblent.
Mais si ces fondations étaient déjà branlantes ?
Et si la sauveuse est un masque qui t'empêche d'être toi, qui te protégeait peut-être, mais qui ne te sert plus maintenant ? Et si faire la paix avec la partie de toi qui dérange, celle qui est faillible, celle qui dit non et qui déçoit te permettrait de faire tomber le masque ?
Pour enfin te dire "Je me vois faillible et je m'aime comme je suis".
Questions d'introspection pour toi :
Fais la liste de toutes les parties de toi que tu apprécies ou que tu aimes profondément : la curieuse, l'aventurière, la sensuelle… et vas les renforcer en faisant un truc qu'elles aiment
Dialogue avec la faillible et celle qui dérange : quelles petites actions peuvent-elles supporter ? Comme ne pas relire un rapport, dire non à une sortie qui ne te fait pas envie, donner ton opinion sur un sujet…
Entraîne-toi à supporter plus d'inconfortable petit à petit pour ne plus donner autant de poids à la faillible et celle qui dérange et leur montrer que tout va bien, même si tu fais des erreurs
Si tu ne te souciais plus du tout du regard des autres, que ferais-tu ?
J'espère que cet article t'a plu, partage en commentaire tes réactions et pensées :)






Commentaires